Éternelle convoitise
La tradition nous révèle qu'il y a environ quatre siècles, la rivière St Laurent venait des fonds de Sainneville. Un peu plus tard, la source jaillissait au pied du côteau de Herosbosc et le courant passait à peu de profondeur au hameau de la Chouette.
En 1715, une carte du diocèse fait naître la rivière en amont de l'église, ce que confirme M.Lechevalier puisqu'il écrit en 1875 : " Il y a un siècle, la rivière prenait source dans la vallée, à la hauteur du nouveau cimetière ".
En 1836, la rivière était tarie et pendant le mois de septembre on a même vu à sec les sources voisines de l'église. Seules, les fontaines Catillon ne cessèrent de couler.
Les 60 000 habitants ne disposent en moyenne que de 35 litres d'eau par jour (il en faudrait 150). La ville du Havre charge la compagnie des eaux du Havre, par l'intermédiaire de M.Burton, son ingénieur et gérant, de trouver une solution.
Le 11 Avril 1854, celui-ci présente un plan pour amener et distribuer les sources de St Laurent. En effet, une série d'analyses confirme que les eaux de St Laurent sont remarquables par leur constante abondance et leur pureté.
Napoléon III, Empereur des Français, déclare " d'utilité publique les travaux à exécuter pour amener et distribuer dans les différents quartiers de la ville du Havre les eaux de sources de St Laurent. ".
La ville du Havre signe donc un traité qualifié "bail" avec la compagnie pour la conduite et la distribution d'eau de source pendant 99 ans.
La ville deviendra ultérieurement propriétaire des droits et établissements appartenant à la compagnie. Une conduite longue de 45 000 m et d'un diamètre de 0.5 m est installée. Mais en janvier 1889, la quantité d'eau distribuée au Havre s'avère tout à fait insuffisante. La ville présente le projet d'une deuxième conduite d'un diamètre de 0.90 m qui sera installée en 1892.
Bientôt la ville du Havre veut acquérir de nouveaux espaces dans la vallée de St Laurent, prétendant que " le peu d'épaisseur des terrains où se trouvent les sources laisse filtrer des matières malfaisantes qui contaminent les eaux ".
Le 15 octobre 1893, le conseil municipal réagit vivement accusant la ville du Havre " de vouloir s'emparer de tout territoire de la vallée pour y régner en maîtresse ". Une vive polémique s'en suit. La ville du Havre n'aura l'entière propriété des sources et des terrains avoisinants qu'en 1954.
En 1977, la ville du Havre revendiquait encore la propriété des terrains de la vallée, l'église au cimetière, mais la commune se rendit crédible dans la protection des sources, car le syndicat d'eau réalisa l'/assainissement de la vallée. On put ainsi maîtriser le coeur du village.